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L'équilibre en spiritualité

Dernière mise à jour : 26 avr. 2020

L'Ayurvéda est avant tout la science de la longévité. Comme les autres parties des Védas, elle ne définit pas ce qui est bien ou mal, mais elle nous explique objectivement les effets d'une cause. A ce titre, on peut l'utiliser comme on l'entend, en fonction de nos objectifs. Mais traditionnellement l'Ayurvéda s'inscrit dans un contexte spirituel. Elle est un outil de connaissance de Soi et de recherche de libération de soi. Alors si on l'utilise dans ce sens là, il est une loi importante à observer : l'élévation n'est possible que par l'ancrage, sans ancre on s'envole et on se perd.


Les pratiquants du yoga connaissent bien ce principe. Les postures sont équilibrées à condition de pousser le sacrum vers le bas et de tirer l'occiput vers le haut. Cet étirement donne à la fois de la stabilité pour maintenir la posture et de l'espace pour respirer profondément. Il y a là une grande sagesse. Si nous nous contentons de pousser vers le bas, on s'avachit et on n'a plus la place d'inspirer ; si nous tirons seulement vers le haut, on perd l'équilibre et on tombe. Comme un arbre, la qualité de notre élévation dépend de la force de nos racines.


Il y a ces trois principes de base (mahagunas) qui sont sattva, rajas et tamas. Rajas et tamas sont les doshas du mental, c'est à dire ce qui a tendance à déséquilibrer le mental. Il représentent respectivement l'agitation et l'inertie. Sattva, en revanche, est un des noms du mental, ce qui le défini à l'état pur. Sattva c'est aussi la paix, l'harmonie. C'est ce que nous recherchons dans une pratique spirituelle védique.


Les trois mahagunas sont essentiels, c'est l'ensemble des trois qui permet l'éternité comme décrit dans la Bhagavad-gita. C'est grâce à tamas, l'inertie, que l'on peut se reposer pour se régénérer. C'est grâce à rajas, l'agitation, qu'on est actif et mène l'expérience. Ce qu'on recherche donc ce n'est pas seulement sattva en soi mais l'équilibre des trois. Comme les trois Grâces de l'Antiquité; c'est l'ensemble qui exprime la vie dans sa plénitude.


En revanche, l'excès de l'un ou de l'autre crée des déséquilibres, voire des troubles. Et il est fréquent que, dans une recherche spirituelle très active, on tombe dans ces excès. L'excès de tamas se manifeste parfois quand la pratique néglige le corps. Et ce qu'on observe très souvent, c'est un sournoi excès de rajas : sous prétexte d'élévation spirituelle, on s'agite dans une recherche permanente de sensations, d'expériences, toujours plus intenses, toujours plus haut, toujours plus vite. Et là on s'éloigne de notre vision initiale qui était la paix et l'harmonie.


On peut faire le choix délibéré de rechercher les expériences, voire même les pouvoirs spirituels (les siddhis). Mais il faut savoir que c'est une voie périlleuse et elle est déconseillée par les grands maîtres parce qu'elle éloigne de l'objectif de libération, d'union. Surtout, d'un point de vue ayurvédique strict, c'est un chemin escarpé sur lequel nous recueillons beaucoup de blessés. Du simple excès de vata dû aux pratiques de méditations actives qui sont éreintantes pour le système nerveux, et jusqu'aux troubles psychiatriques provoqués par la stimulation non-maîtrisée de la kundalini.</