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Mon corps, c'est mon corps...

Haha quand j'étais petite, on avait eu à l'école une intervention anti-pédophilie dans laquelle nous avions appris cette chanson traumatisante : "mon corps, c'est mon corps, ce n'est pas le tien - tu as ton corps, alors laisse moi le mien" hahaha. Elle est restée gravée à vie mais semblait être un épiphénomène apparu uniquement dans mon école - jusqu'à ce que j'aille vivre au Québec et que j'y découvre que là-bas on connait cette rengaine sur plusieurs générations !!! Bref, cela n'a (presque) rien à voir avec l'objet de mon post, mais ça me fait rire de le raconter et je vous remercie de me lire. D'ailleurs je vous remercie encore plus de me lire alors que ce post n'a pas un titre lié à la nutrition ou à des banalités, car il faut bien l'avouer il y a des posts hautement philosophiques ici qui font 100 vues et des posts sur les petits-déjeuners qui en font 4 000, mouai... bon ! Passons à notre sujet : le rapport au corps.


En consultation, il y a ce que je donne et ce que je reçois. Vous apprenez à prendre soin de vous selon vos besoins, et j'apprends la complexité de l'humanité. Un des sujets qui m'oblige le plus à la réflexion et à la sortie de mon individualité est le dualisme corps-esprit dans lequel beaucoup de personnes, femmes essentiellement, sont tiraillées. J'entends très souvent ces phrases : "je ne suis pas dans mon corps", "ce corps ce n'est pas moi", "je suis déconnectée de mes sensations", etc. - Et je dois mettre un warning ici pour les radicaux wokistes : je vais dire des trucs qui vont vous irriter, mais rappelez-vous que si chacun a le droit a ses particularités, et doit même les valoriser, alors moi aussi. -


Il y a deux aspects du corps : ce qu'il est, et ce qu'on en fait. Ce qu'est votre corps, votre demeure, la résidence que "vous", "votre âme", avez incarnée, est juste. Dans les traditions philosophiques de l'Inde, on utilise l'analogie de la graine de manguier pour figurer l'intelligence naturelle : la graine possède une intelligence qui la fait pousser dans sa forme naturelle, la graine de mangue ne deviendra jamais pommier ou bananier. L'essence de votre corps, pas seulement son humanité mais ses caractéristiques pré-établies comme la taille, la couleur des yeux, des cheveux etc, votre génétique en fait, ceci est l'intelligence de votre graine, il n'y a pas d'erreur, vous êtes dans le bon corps. La Nature possède une intelligence bien au-delà de notre compréhension et nous ne trouverons jamais d'équilibre ou de sérénité en la rejetant, en revanche toutes les sagesses disent que c'est en l'honorant qu'on les trouve.


Et honorer cette intelligence naturelle, c'est le deuxième aspect du corps : ce qu'on en fait. Le grand poète Kabîr disait que le corps ayant pris neuf mois à tisser dans les plus beaux fils, il en prenait le plus grand soin afin de le rendre en parfait état. Sans considération métaphysique, on peut aussi se rappeler que notre corps va venir nourrir la terre après notre passage en lui et qu'alors la qualité de nos tissus ou notre intoxication vont contribuer à la qualité ou l'intoxication de la terre, que cette terre nourrira les plantes, qui a leur tour nourriront les animaux, dont les humains font parties, et que c'est en partie ça le karma : le résultat de mes actions. Quelles que soient nos croyances, ou leur absence, nous avons la responsabilité de ce corps.


Alors d'une part, je ne peux qu'accepter ce corps qui a été créé intelligemment. Et d'autre part, j'ai le devoir de son soin. Mais ces deux aspects favorisent la vision dualiste, la perception d'une distinction entre le corps et le moi - qui est tout à fait valable puisque si je peux dire MON corps, c'est qu'il n'est pas moi, il m'appartient. Pourtant, on peut aussi considérer le corps comme un prolongement du Verbe divin, de Buddhi, de l'Intellect agent. Les sagesses indiennes, néo-platoniciennes et soufies (que vous pouvez étudier avec moi ici) expliquent dans leurs cosmologies comment de l'Un émanent les formes, les sens et la matière. C'est à dire que les corps sont un prolongement du Tout, qu'ils en sont une partie ; ils ne le constituent pas , mais ils en émanent - comme le fil de l'araignée, analogie tout aussi classique. Peut-on dire que le fil de l'araignée est distinct de l'araignée alors qu'elle le produit en son sein ?


Et petite beauté du sanskrit pour terminer : le mot araignée se dit Ūrṇanābhi ऊर्णनाभि et il est composé des mots laine et ventre. Magnifique nan ?



Truth is One, sages call it by various name,

Salam.



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