Stabiliser le mental

D'abord je dois vous prévenir qu'on me pose souvent la question, mais on n'applique pas souvent la réponse. Parce que la réponse n'est pas une herbe magique ou une citation inspirante ou une cure ayurvédique. La réponse est une pratique, un effort, un entraînement. Alors ce n'est pas facile et ce n'est pas immédiat, mais c'est justement là toute la beauté de la quête.

En ayurvéda on considère que le mental est une partie du corps, comme un organe, mais au niveau subtil. Un peu comme notre foie, il est doué à la base d'un fonctionnement exceptionnel. Et un peu comme notre foie, à force d'une hygiène de vie trop moderne on l'a intoxiqué. Alors on peut aussi jeûner pour le nettoyer, et au niveau subtil cela passe par une retraite de silence par exemple. Mais on doit surtout apprendre à ne plus le polluer, afin qu'il retrouve sa fonction initiale de support à l'expérience.

A la base, notre mental est stable et paisible (sattva). Il est un outil qui nous permet de connaître, comprendre, analyser, distinguer. Il est utile de l'imaginer comme une étendue d'eau fraîche et pure. Les événements extérieurs eux sont comme des galets, et nos réactions les vibrations créées par ces galets lancés sur l'eau.

La recherche de la sérénité, la quête véritable, est le retour vers notre état originel, la Paix.

"Yoga chitta vriddhi nirodha:", l'union est l'absence de vibration dans le mental. La pratique du yoga, comme l'explique Patanjali dans cette première phrase de ses Yoga Sutras, est l'apprentissage de la stabilité du mental.

Alors une réponse à "comment gérer son mental" est "par la pratique du yoga". Evidemment, on ne parle pas ici de se tordre le plus joliment possible sur une plage de Bali, mais de mettre en place une routine quotidienne qui nous enseigne le chemin du retour vers un mental stable. Parce qu'en pratiquant le calme, vous devenez familier avec lui. Et il est plus facile de retrouver un lieu que l'on connaît, puis à force de le fréquenter on s'y sent chez soi.

L'exercice le plus courant est la méditation, la pratique du calme par excellence. Mais l'exercice premier est le pranayama, la respiration consciente. Parce que le souffle est le lien entre le corps physique et le corps subtil, il est la clé de l'harmonie. Il est un contrôle psychique sur le corps et un contrôle physique sur le mental. La maîtrise du souffle est, selon les Vedas, la vraie médecine. Ne dit-on pas qu'Il nous a insufflé la vie ?

L'idéal est de pratiquer quotidiennement un exercice physique doux, une respiration consciente et un temps de silence. Ceci est la recette ayurvédique de maintien d'un mental stable. Et pour commencer, nous pouvons tous pratiquer cinq minutes de respiration alternée au réveil ou au coucher, ou les deux. Voici une vidéo qui la présente (activer les sous-titre si besoin).

Les personnes susceptibles de vous accompagner dans cette démarche sont des praticiens en Ayurvéda, des professeurs de yoga expérimentés, des moines bouddhistes, des pratiquants du zen, mon grand-père et bien d'autres. Je vous recommande aussi les stages Art du Bonheur proposés par la fondation Art de Vivre, où est enseignée une pratique complète qui a largement fait ses preuves.

On pourrait développer sur ce sujet pendant toute la vie, voire plusieurs, mais je m'arrête là pour l'instant en vous laissant quand même ce secret : ce qui rend une étendue d'eau imperturbable, c'est le courant. Un galet qui tombe dans une marre crée des vagues, un galet qui tombe dans une rivière passe inaperçu. A méditer...

Namastê