Allons ensemble un peu plus loin aujourd'hui que les banalités sur les doshas. Pour rappel, les doshas Vata, Pitta et Kapha sont trois principes d'action biologique. Un dosha, par définition est "ce qui déséquilibre" (dushyanti iti doshah) et ces trois doshas, VPK, sont ce qui déséquilibre le corps. Il existe d'autres doshas, Rajas et Tamas, qui déséquilibrent le mental. Bien-sûr les cinq doshas s'influencent mais dans le corps ce sont VPK qui régissent l'ordre ou le déséquilibre.
Ici nous allons présenter les caractéristiques du dosha Pitta lorsqu'il est équilibré (et porte alors le nom de dhatu en réalité, "ce qui maintient"), puis lorsqu'il est en excès, et lorsqu'il est lié à âma. Si vous ne savez pas encore ce que sont les dhatus et âma, je vous encourage à suivre mon cours en ligne. Pour une brève description d'âma, les déchets pathogènes, vous pouvez lire cet article sur l'autophagie.
Mais d'abord, quels sont les attributs et fonctions de Pitta ? Pitta est un peu gras, intense, chaud, léger, âcrement odorant, fluide et liquide. (AH Su 1)
On dit souvent que Pitta est comme le feu, mais en réalité il est plus proche de l'acide, puisqu'il contient aussi l'élément eau. C'est le principe de transformation, en équilibre il génère la digestion et le métabolisme. Pitta maintient la température du corps et la juste vision, il cause la faim et la soif, il gère le teint, l'intelligence, le courage, la vigueur et la souplesse du corps. (AH Su 11:2)
Pitta en équilibre se caractérise par : un teint frais et lumineux, des yeux bien blancs, la brillance des cheveux-poils-ongles-dents, une bonne vue, une faim et une soif équilibrées, une bonne digestion, une odeur corporelle agréable, un esprit vif, le discernement, la volonté, la curiosité. Un pitta en équilibre est visible, il se perçoit surtout par les yeux.
Lorsque Pitta est aggravé et qu'il n'est pas lié à âma, il colore en jaune/rouge les selles, les urines, les yeux et la peau, il génére une grande faim, une grande soif et une grande sensation de chaleur (brûlure), et il diminue le temps de sommeil. (AH Su 11:6)
Lorsque Pitta est lié à âma, ce qu'on appelle sâmapitta, les symptômes peuvent être une fièvre irrégulière, la diarrhée, la sensation de brûlure, une soif extrême, un manque d'appétit, une odeur forte et une transpiration qui tâche, la couleur (yeux, langue, urine, ongles,...) bleu-jaune-vert-violet, un goût acide dans la bouche, le brainfog, les vertiges, l'incohérence mentale.
Une des raisons pour lesquelles j'écris cet article plus "didactique", c'est pour sensibiliser les jeunes praticiens en Ayurvéda et les patients. On peut très vite faire des erreurs et empirer le déséquilibre si on traite Pitta sans considérer âma et vice-versa. Par exemple, il est très courant de lire que ce qui apaise un Pitta en déséquilibre c'est le lait ; or, les produits laitiers sont la première chose à éliminer si Pitta est lié à âma. En effet, Pitta et âma ont en commun le potentiel de fermentation et ensemble ils accélèrent le processus, les produits laitiers étant eux-mêmes fermentescibles, on entretient un cercle très vicieux si on ne tient pas compte de cette dimension.
Alors que faire ? Comme toujours en Ayurvéda, s'il existe un déséquilibre, on élimine sa source. Ensuite, si Pitta est en excès mais pas lié à âma on va chercher les qualités opposées dans notre hygiène de vie et alimentation, qui là seront rafraîchissantes et sèches. Mais si âma est impliqué, alors on va d'abord détoxifier sans chauffer, ce qui n'est pas simple et nécessite un accompagnement individuel.
Pour en savoir plus sur les doshas, les déséquilibres, les thérapies et pleins de trucs intéressants, vous pouvez continuer à explorer le blog ou suivre le cours en ligne sur les fondements de l'Ayurvéda (on ne maîtrise jamais trop bien les bases).
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