Se connaître grâce à l'ayurvéda
- Lucie Nour João
- il y a 2 jours
- 5 min de lecture
L’ayurvéda est une science qui fonctionne sur plusieurs niveaux et qui peut être utilisée par chacun, même avec une connaissance basique, pour gérer sa santé et son énergie au quotidien. C’est d’ailleurs la méthode de guérison privilégiée par cette médecine : l’éducation.

En réalité, c’est l’observation de soi, couplée à la connaissance, qui va permettre à chaque personne de retrouver et maintenir son équilibre. Cette observation pourrait et devrait être intuitive, seulement nous avons perdu cette faculté d’intuition - que nous confondons aujourd’hui avec une forme de divination, une idée de projection, alors qu’elle est initialement un dévoilement de la connaissance déjà présente en nous, que nous avons tous et qui a été voilée par les expériences et l’éducation. Vous savez en ayurvéda classique, par exemple, on considère qu’un enfant jusqu’à 7 ans devrait être alimenté « à la demande », parce qu’il a encore ce lien avec son intuition qui lui permet de savoir ce dont il a besoin et quand il en a besoin - mais cela, évidemment, c’était avant les héros sur les paquets de céréales et les barbapapa.
Ce que nous imposent, d’abord nos parents, puis l’école et les normes sociales - comme prendre un petit déjeuner alors qu’on n’a pas faim - part d’une bonne intention, mais voile la compréhension que chacun a de son propre corps. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi, majoritairement, d’externaliser la prise en charge de notre santé et de la confier à une autorité compétente. Ce que propose l’ayurvéda, c’est d’aider la personne à retrouver cette connaissance intérieure en la guidant dans l’observation de soi, c’est-à-dire en lui donnant des lunettes pour voir plus facilement.
Avant même d’entrer dans la considération des doshas du corps et du mental, ou dans les sept tissus qui forment l’humain, ou même dans la simple digestion, il y a une chose que nous devons faire absolument : c’est définir la bonne santé ! Parce que sans cela, on tombe facilement dans le piège du novice en ayurvéda qui a fait un test sur internet, a vu que "iel était vata" et se met à consommer tous les produits anti-vata qui lui sont présentés. Non ! On doit d’abord identifier ce qui est déséquilibré chez nous, le cas échant, puis identifier le dosha concerné par ce déséquilibre – non pas sa constitution, la constitution est l’inverse d’un déséquilibre, elle est ce qui est stable.
Les signes de bonne santé
Alors ce que nous voulons connaître en premier lieu, ce sont les critères de la bonne santé. Et non, ce n’est pas seulement l’absence de maladie ! Ce que nous recherchons c’est la pleine expression de notre vitalité. Voici donc les critères à observer, les signes d’une santé optimale.
Une bonne digestion.
C’est-à-dire que je me sens après manger comme avant manger seulement je n’ai plus faim. Il n’y a pas de ballonnement, reflux ou somnolence par exemple.
Un appétit régulier.
Une véritable sensation de faim, deux fois par jour, ni plus ni moins.
Un endormissement facile.
Le sommeil arrive dans les vingt minutes après le coucher.
Un réveil énergique.
C’est-à-dire que vous n’avez pas besoin « d’émerger », vous êtes reposé.e puisque vous venez de dormir.
Des sens aiguisés.
L’odorat, le gout, le toucher, l’ouïe et même la vue ! Donc porter des lunettes est un signe de déséquilibre effectivement, il existe des techniques de soins très efficaces en ayurvéda (mais chronophages).
Les selles au réveil.
Naturellement, on devrait éliminer des selles dans la demi-heure après le réveil et elles devraient être en forme de banane.
Des règles régulières et non douloureuses.
Evidemment ce critère ne concerne que les personnes menstruées.
Un rapport sain entre les muscles, les os et la graisse.
Ce rapport n’est pas mesuré avec des outils technologiques, mais avec nos yeux. C’est-à-dire que lorsqu’on regarde la personne on ne voit pas que ses muscles, ou que sa graisse, ou que ses os. Cela doit nous paraître naturel, sans considérer les critères de beauté qui changent avec les sociétés.
La force du corps et du système immunitaire.
La personne n’est pas fragile, ni face à l’épreuve physique, ni face aux virus. Elle fait preuve de résistance et d'endurance.
La couleur stable de la peau.
Cela ne signifie pas que la couleur de la peau doit être uniforme, mais qu’elle ne change pas. On peut observer un changement dans le teint par exemple, ou des tâches qui apparaissent.
Un mental clair et paisible.
Et ce critère-là, qu’on oublie souvent de mesurer dans l’évaluation de notre santé, est le plus important car il aura une influence sur tout le reste, de la digestion à l’immunité.

Voilà, ce sont ces dix choses qui devons avoir en tête quand nous parlons de santé. Si l’un ou plusieurs de ces critères semble déséquilibré chez vous, alors il est temps effectivement de s’intéresser aux doshas pour identifier celui ou ceux qui doivent être prioriosé.s dans notre hygiène de vie. Bien-sûr, avec l’aide d’un praticien tout ce travail est facilité et beaucoup plus précis, mais si vous n’avez pas de gros déséquilibre ou s’il n’est pas trop complexe, vous pouvez aussi gérer ça avec les remèdes de votre grand-mère indienne.
Attribuer un dosha
Donc l’étape suivant l’identification d’un déséquilibre, est la qualification du dosha correspondant. Les doshas Vata, Pitta et Kapha, sont des principes d’action biologique, ils sont ce qui constitue et ce qui déséquilibre le corps. Pour le mental (sattva), ce qui le déséquilibre ce sont les doshas rajas et tamas, respectivement l’agitation et l’inertie. Ces derniers sont assez faciles à identifier, vous savez bien si votre mental est trop actif ou léthargique.
Pour les doshas du corps, nous observons leurs qualités qui sont :
Vata est sec, léger, froid, rugueux, subtil, mobile, comme le vent
Pitta est un peu gras, intense, chaud, léger, fluide, liquide, odorant
Kapha est gras, froid, lourd, lent, glissant, doux, stable
On peut observer cela dans nos selles par exemple, et c’est même la chose la plus importante à observer quotidiennement : sont-elles sèches, liquides, odorantes, lourdes ? Et cela vous donne une piste de travail pour votre alimentation, entre autres. On peut regarder sa peau aussi : sèche, intense (sensible), grasse ? Nos cheveux, notre transpiration, notre énergie… Tout le vivant peut être observé selon ses critères, même les animaux et les plantes. Une manière simplifiée, la lunette des médecines moyen-orientales traditionnelles, est de regarder ces quatre qualités : chaud, froid, humide, sec.
Se soigner
La troisième étape, après avoir identifié le déséquilibre puis ses attributs, c’est le principe thérapeutique basique de l’ayurvéda : les opposés s’équilibrent et les semblables s’augmentent (samanya vishesha siddhanta). C’est très simple, ce n’est que du bon sens, mais nous devons le retrouver. De la même manière que nous mettons une veste chaude quand nous avons froid – les opposés s’équilibrent – et que nous enlevons un vêtement chaud quand nous avons chaud – les semblables s’augmentent, ce principe thérapeutique nous recommande simplement de favoriser les qualités contraires à notre déséquilibre dans notre hygiène de vie.
Ainsi, lorsque nous remarquons que nos selles sont trop sèches, il est utile d’éliminer ce qui est asséchant dans notre quotidien (café, alcool…) et d’augmenter ce qui est hydratant (huile, eau…). Si nous sentons que nous sommes agités, comme le vent, nous allons rechercher la stabilité – et cela passe par l’activité physique aussi, peut-être choisir un sport moins cardio (excitant), et plus musculaire (stabilité). Parfois c’est plus complexe de trouver le contraire, par exemple pour l’intensité, mais alors on se rappellera que c’est un critère de pitta, et qu’en baissant la chaleur et en augmentant la lourdeur on peut l’équilibrer aussi.
Conclusion
Les exemples sont évidemment infinis et vous avez maintenant les clés pour commencer votre parcours d’auto-guérison avec les lunettes ayurvédiques. Rappelez-vous toujours que ce n’est que du bon sens et une connaissance naturelle. Seulement comme nous l’avons oublié, nous devons faire l’effort de retrouver le lien entre nos sensations et nos besoins. Nous avons surtout besoin de faire confiance à cette intelligence naturelle, innée. Et pour cela nous devons commencer par nous observer avec attention.
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