Trop souvent je reçois des personnes qui souffrent de leurs pensées et qui sont accompagnées depuis 10-20 ans en médecine moderne par l’enroulement dans leurs pensées ou par leur abolition, c’est à dire la discussion avec le psy ou les pilules. Alors faut vous dire Monsieur, comme dirait Brel, que chez ces gens là, cela ne fonctionne pas Monsieur, cela ne fonctionne pas! Si vous avez toujours besoin du traitement après 15 ans c’est qu’il vous maintient dans le même état, ou pire, vous aveugle de votre état. Même la science ultra-moderne le clame aujourd’hui et explore de nouvelles voies comme les psychotropes, la méditation et tout ça.
Alors que dit l’Ayurvéda ? Comme toujours c’est bien plus complexe puisque chaque individu a ses spécificités, mais ce que je voudrais explorer avec vous ici c’est l’idée que pour résoudre un problème, il faut en sortir. Alors si notre mental est troublé, c’est en dehors du mental qu’on va s’affairer. Comme quand on veut traiter le foie on peut passer par l’estomac par exemple, l’idée est que l’on peut traiter le mental en amont, en aval, en perspective. C'est à dire qu'il n'est pas toujours efficace pour se libérer de l'emprise du mental de se rouler dedans. Le mental est un organe comme un autre, avec ses fonctions, ses circuits et ses liens aux autres parties du corps. Comme tout ce qui est vivant, du macrocosme au microcosme, sa santé dépend de l’espace et de la circulation dans cet espace. Quand il est trop plein on ne voit plus clair, quand il est trop fermé les pensées tournent en boucles, quand il est trop vide elles se perdent.
C'est un circuit (manovahasrota) qui se déverse facilement dans le corps physique, son aval. Vous le sentez par exemple après une activité physique intense, votre mental est libéré quelques instants. Alors le mouvement est une excellente indication thérapeutique dans le traitement de la dépression par exemple ; dans la dépression c'est le mental qui est trop lourd et on peut le vider par la stimulation du corps. A l'inverse, en cas d'anxiété, qui est plus une agitation mentale, la stimulation est contre-indiquée, on va plutôt cherché à canaliser le mouvement, lui donner une direction. Alors ce sont les asanas tenues ou les arts martiaux qui pourraient être indiqués.
De la même manière, la nutrition joue un rôle essentiel ici et je vous invite à relire cet article pour mieux l'explorer, mais cela commence par éviter de consommer des stimulants et des intoxicants. Je suis toujours très surprise en consultation quand une femme me dit qu'elle a pour objectif de calmer son stress et son anxiété, et cinq minutes plus tard elle me dit qu'elle fume et boit plein de café. Quel paradoxe ! Si vous voulez calmer votre mental, commencez par ne pas le stimuler. Les stimulants et intoxicants les plus consommés sont l'alcool, le sucre industriel, les cigarettes, les joints et le café.
Une autre voie pour traiter le mental en dehors du mental est l'expression libre. Que ce soit la danse, la peinture, ou même l'écriture, mais une expression qui soit intuitive, libérée de tout objectif ; sans cadre, sans technique, sans spectateur, sans professeur, sans élève. Juste vous avec votre liberté dans un champs de fleurs. Permettez-vous d'être créatif ! Faites la cuisine sans recette, tanpis si c'est raté ! Utilisez cette autre partie de votre cerveau qui donnera de la place à la première de se vider. - "Ha mais je ne suis pas créatif !" me dîtes-vous : siiiiiiiiii tout le monde l'est, vous êtes juste timide et brimé mais là personne ne vous regarde, allez-y, c'est sans risque !
Pour libérer nos émotions il y a aussi une pratique secrète ancestrale qu'on apprend dans les temples de l'Himalaya : le chant ! Alors je ne blague qu'à moitié hein. Le chant des mantras est un art sacré et il a des milliards de vertus, qui vont bien au-delà de la thérapie pour le mental. Mais pour revenir à notre quotidien et à notre simple besoin d'extérioriser des émotions coincées, qui tournent en boucle, les chanter est une excellente voie-voix (?). Sous la douche ou dans la voiture c'est généralement l'option la plus facile pour libérer son rap ou sa mélancolie. Perso, j'en suis à un point de liberté qui me permet de chanter du fado en marchant dans la rue et ça fait toujours sourire les personnes que je croise alors on entre dans la thérapie au carré : j'extériorise ma saudade, ça rend service à la personne qui sourit, ça me fait sourire, on se sourit!
"Et alors l'échange ?" me direz-vous ! Oui c'est vrai je dois modérer mon introduction car oui, l'échange avec un autre humain est une excellente thérapie pour le mental. Mais attention de ne pas s'enrouler ! L'échange devrait être une seule exposition des faits, une analyse en miroir, et ensuite on avance, on danse ou on en rit et on passe à autre chose. L'échange qualitatif, celui qui vous aide à grandir, à changer de perspective, ou comme dirait Sri Sri Ravi Shankar celui qui vous laisse plus léger. Mais surtout, le véritable outil thérapeutique de l'échange réside dans le don de soi, dans le don que vous faites à l'autre de votre joie, de votre service, de votre dévotion. Il y a une magie qui s'opère quand on tourne son attention vers l'autre : elle change de sujet !
Bien sûr, cet article serait très incomplet s'il ne parlait pas de mes basiques : la respiration et les soins marma. Mais comme on en a déjà largement discuté, je vous envoie vers leurs articles respectifs. On pourrait aussi parler de sexualité, et de la recherche du plaisir et de notre voie, ou de notre intériorité. Mais comme cet article n'en fini plus j'en écrirai un deuxième oxalà, dans lequel nous discuterons de la notion de mental au sens étymologique, au sens des nerds quoi, et des meilleures thérapies pour le mental qui sont dans le mental mais pas dans les pensées, etc. :vous êtes prêts ?
Il faut agir comme fait le voyageur qui veut connaître la hauteur des tours d’une ville : pour cela il quitte la ville. - F. Nietzsche
Namastê
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